Ecrire jour après jour ou l’échec d’une bonne résolution.

Ecrire tous les jours, voilà un défi que je m’étais lancé plus d’une fois lors de ma rédaction annuelle de bonnes résolutions, tâche que je m’applique religieusement à faire chaque année pour quelques jours plus tard, oublier tout aussi religieusement lesdites résolutions. Ce défi d’écriture, j’y tenais tout autant que je l’ai déshonoré. Cette année, j’avais également pour ambition de lancer un podcast, chose que j’ai effectivement réalisée avec @surunfil, mais pour ne lancer qu’un unique épisode qui attend ses camarades – les autres épisodes – avec impatience. La vie en a voulu autrement et j’ai été happée par l’épreuve, jusqu’ici, la plus difficile de ma vie.

A présent, j’ai envie d’un nouveau départ, de nouveaux horizons, de projets et d’interactions. Il y a quelques jours je me suis donné une dernière chance avec mon défi d’écriture, auquel j’avais envie de donner un nom : #écrirejouraprèsjour. Six jours ont passé et je dois en faire l’amer constat, mon défi est tout bonnement impossible à mettre en pratique avec la vie que je mène. Ce n’est pas de la mauvaise volonté , mais le tourbillon du quotidien me soulève chaque jour et m’emmène loin, loin de mon clavier ; sauf quand c’est pour travailler (et ça, ça ne compte pas). Car quand je parle d’écriture, je pense états d’âme, créativité, histoire, pensées, ressenti. Ecrire un email ou une recommandation pour un client, ça ne compte pas. Mon nouveau défi sera moins prétentieux mais plus abordable; il sera simplement d’écrire et de publier régulièrement, ici. Lorsque les planètes s’alignent, que le temps s’étire et que l’inspiration se fait un petite place…

J’ai tout de même, plutôt que d’écrire, pris le temps de lire, au cours de ces six derniers jours. Et j’ai lu des choses fort intéressantes. D’abord, j’ai trouvé la dernière édition de Philosophie Magazine un peu par hasard, ayant l’habitude de devoir amorcer des fouilles quasi archéologiques pour me le procurer. J’exagère juste un peu. Le dossier « central » du mois de septembre traite de la fragilité, sujet qui me parle particulièrement, surtout en ce moment. Mais quel que soit le sujet principal abordé par le mensuel, c’est toujours passionnant; les points de vue sont multiples, les articles denses dans leur traitement et profond par leur sens. J’aime Philosophie Magazine d’amour, vous l’aurez compris, et c’est bien dommage que la philo n’occupe pas une place plus centrale dans nos vies. Heureusement que pour cela, il y a @philosophyissexy, le compte Instagram à suivre absolument pour de jolies réflexions quotidiennes livrées chaque matin (mais comment fait-elle ?) par leur auteure Marie Robert.

Cela m’amène à Alexandre Lacroix, le directeur de Philosophie Magazine. Je lis toujours son édito et je sais qu’il est aussi le fondateur de l’école Les Mots, c’est-à-dire, un rêve éveillé pour toute personne qui affectionne l’écriture de quelque manière que ce soit. Je n’ai encore jamais suivi leurs ateliers, mais j’écoute souvent leur podcast, Assez Parlé. Et quand on me dit école d’écriture, oui, j’ai des étoiles dans les yeux, mais c’est très personnel 🙂

Alexandre Lacroix donc, qui est aussi, et je viens seulement de le découvrir, écrivain lui-même. C’est au rayon « philosophie » de ma librairie préférée que j’ai découvert un petit livre jaune publié en 2019 appelé « Microréflexions, 70 invitations à philosopher ». Il s’agit comme son titre l’indique, d’une suite de chapitres sur autant de thèmes que la vie peut en contenir : souffrance, deuil, morale, amour, religion, nature, animaux, etc. Une petite pépite qui s’ouvre, au gré des sujets, sur les considérations de l’auteur et invite ensuite à la réflexion personnelle. 

Et c’est ici que je vous perdrai peut-être, mais ce qui suit est la preuve que certaines choses vous « tombent » dessus au bon moment, ici en l’occurence, ce petit livre est un don du ciel. L’auteur, par deux fois, aborde le thème du deuil et répond à la question « Comment s’en sortir » qui taraude forcément toute personne endeuillée à qui on dit « ça va aller ». « Ca va aller » oui, mais comment ? Voici deux pistes pour « s’en sortir » que je me permets de retranscrire ici et qui jusqu’ici, ont été ce que j’ai lu ou entendu de plus juste sur la vie après un deuil :

« En fait, j’estime que le secret est là. On ne se console pas de la mort de celui ou de celle qu’on aime parce que le temps passe, que la plaie se referme ou qu’on finit par oublier. Bien au contraire : on s’en console lorsqu’on arrive à vivre une sorte de compagnonnage heureux avec son mort. Mon père est là, jamais très loin de mes pensées. Comme dans toutes les relations vivantes, il y a entre nous des intermittences et des revirements – parfois il m’indiffère, il m’insupporte ou je le trouve ridicule, parfois c’est l’amour qui reprend le dessus. Mais je crois qu’il y a là une grande vérité psychologique, dont personne n’ose parler : non seulement nous vivons avec nos morts, mais cette relation intérieure que nous avons avec eux est une des choses les plus belles qu’il nous soit échu de vivre. »

Ou encore :

« Comment s’en sortir ? Certainement pas en accomplissant un « travail de deuil » […]. Il faut se remettre au travail, reprendre sa place dans « le monde moyen » et cesser de se tenir penché au-dessus du gouffre ou de contempler le ciel. Quitte à se comporter comme un pantin, s’efforcer de se remettre en marche, par courtes séquences. Ne plus se préoccuper de l’avenir, mais avancer à petits pas. L’apaisement viendra de surcroît, tandis que chaque journée se laisse employer à une succession de tâches banales. « Remplir l’heure, voilà le bonheur ; remplir l’heure sans laisser de faille pour un repentir ou une approbation ».

Sur ces notes mélancoliques mais nécessaires, je vous dis à bientôt pour le prochain #écrirejouraprèsjour

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