Le talent m’a toujours subjuguée : cette faculté naturelle à accomplir les choses, sans effort particulier et sans pré-requis. Je ne me suis jamais considérée comme très talentueuse en quoi que ce soit, sauf peut-être pour l’écriture, que j’ai considérée comme, si pas un talent, une capacité depuis mon enfance, lorsque mes professeurs me demandaient de lire mes textes devant toute la classe. Ecrire, c’était comme respirer : naturel et évident. Depuis, aucun don particulier ne m’est plus apparu, malgré mes nombreuses tentatives sportives et artistiques. L’espoir fait vivre, dit-on !
Puisque le talent se nourrit aussi de celui des autres, l’envie de parler des personnes talentueuses de mon entourage plus ou moins proche me trotte dans la tête depuis un petit bout de temps. Je me suis donc fixé pour objectif de réaliser des interviews de personnes talentueuses dans différents domaines et de les livrer ici, pour peut-être, en inspirer d’autres.
Aujourd’hui, c’est Maximilien, directeur créatif chez Taxi, une agence de publicité canadienne, qui nous parle de son métier et son parcours.
Maximilien, décris-nous ton poste de Directeur Artistique en quelques mots.
Le premier aspect du métier de directeur artistique est de conceptualiser des idées en campagnes de publicité; ceci afin de promouvoir une marque et/ou résoudre un problème rencontré par cette marque.
La deuxième partie du métier est de diriger les artistes (designer, réalisateurs, photographes) afin qu’ils concrétisent nos idées et leurs donnent vie sur des supports créatifs.
En tant que Directeur Artistique je travaille toujours en collaboration avec mon copywriter qui s’occupe de la partie écrite des concepts publicitaires alors que je m’occupe principalement de la partie visuelle.
Quel aspect de ton métier préfères-tu ?
La partie que je préfère est la conceptualisation d’idées. C’est, selon moi, la partie la plus excitante de notre métier car nous commençons avec une page blanche et nous devons inventer une idée à laquelle personne n’a pensé auparavant. J’y trouve quelque chose d’angoissant et d’excitant à la fois.
Y a-t-il d’autres créatifs dans ta famille ?
J’ai la chance d’avoir grandi entouré de parents créatifs : ma mère crée des chapeaux et mon père est photographe. J’ai évolué depuis tout petit dans une atmosphère de création, et le goût pour les belles choses est un point commun dans la famille. J’ai aussi énormément appris en travaillant avec ma mère sur des photo-shoots et tournages vidéo. Je peux donc dire que mon travail au quotidien est fortement influencé par le talent incroyable de mes parents.
Est-ce un besoin personnel de créer, plus qu’un simple « gagne-pain » ?
Je ne considère pas du tout mon travail comme un gagne-pain mais comme une passion qui, heureusement, me permet de payer mon loyer à la fin du mois.
La création a quelque chose d’enivrant pour moi. Je suis toujours à la recherche de nouvelles idées, même le week-end : je réfléchis, je prends des photos, je filme, je visionne des tutoriels pour m’améliorer. Je peux même avouer être excité le dimanche soir à l’idée de retourner au boulot le lendemain, plutôt que de regretter que le week-end soit déjà fini.
Penses-tu avoir un impact positif sur le monde avec tes créations ? Comment ?
Mon objectif en travaillant dans la pub est de contribuer à faire des choses “biens” avec mes compétences créatives. Bien sûr, j’apprécierais créer des campagnes pour de grandes marques comme Apple ou Nike mais mon rêve est de travailler pour des associations comme le WWF, Amnesty International ou une cause humanitaire, quelle qu’elle soit.
L’aspect humain a beaucoup plus d’importance à mes yeux que le but commercial, comme vendre encore plus de smartphones. J’ai eu la chance de travailler pour la Police de Vancouver afin de combattre le problème du Fentanyl au Canada et si mon travail peut permettre par exemple de diminuer le nombre d’overdoses, mon choix de carrière prend tout son sens.
Que penses-tu de l’évolution de la publicité ces dix/vingts dernières années ? Est-ce plus ou moins possible d’être aussi créatif qu’avant ?
Je trouve que l’évolution de la publicité est très excitante. Elle est obligée de se réinventer et de s’adapter aux nouvelles technologies. On ne doit plus penser qu’à créer des pubs TV ou du print mais à utiliser les nouvelles technologies, les réseaux sociaux, etc. Il y a aussi une évolution exaltante dans la société et dans le positionnement du consommateur par rapport aux marques. Le consommateur veut faire partie de la conversation, il veut interagir avec la marque et ressentir les choses. Il y a beaucoup plus d’outils à la disposition des créatifs pour créer et je trouve cela passionnant.
Ta créativité se retrouve-t-elle dans ta décoration d’intérieur ?
A force de vivre dans différents pays tous les 2-3 ans je n’ai pas le temps d’investir du temps et de l’argent à la décoration d’intérieur de mon appartement. J’ai vécu à Johannesburg, Chicago et maintenant Vancouver mais je sais, chaque fois, que je ne suis que de passage. Je suis néanmoins impatient de trouver mon chez-moi pour une période un peu plus longue et de m’occuper de la décoration de mon appartement. Celle-ci sera naturellement influencée par mon style créatif.
Quelles ont été/sont tes inspirations du passé, du présent ?
Mon inspiration vient de tout ce qui m’entoure: les créatifs sont comme des éponges ! On absorbe inconsciemment tout ce qu’on voit, toutes les émotions qu’on ressent et on les exprime à notre propre manière. Je trouve mon inspiration dans les films, dans la musique, dans les gens qui m’entourent. Rien ne m’inspire plus qu’une ville comme Chicago, New York ou Paris où il y a du bruit, de la musique, des odeurs, des gens de toutes origines. Vivre dans une grande ville, c’est comme vivre sous adrénaline créative en permanence.
Y a-t-il une période de l’histoire en particulier à laquelle tu aurais aimé vivre ?Pourquoi ?
Beaucoup de publicitaires diront qu’ils sont nostalgiques des années 60’ avec l’éclosion de la pub et de la vie incroyable que les publicitaires menaient. Il y a un certain romantisme qui se dégage quand on parle de cette période, ou lorsque l’on regarde la série Mad Men par exemple. Néanmoins, je suis plus exalté par le futur que par le passé. Je suis quelqu’un d’assez optimiste, qui aime regarder vers l’avenir au lieu d’être nostalgique d’une période révolue. Notre époque est, de plus, marquée par une évolution extrêmement rapide des technologies et possibilités; c’est très excitant !
Penses-tu que notre ère verra encore naître de grandes icônes et de grands directeurs artistiques ? N’est-on pas plutôt en train de vivre une ère du « vite connu, vite disparu » ?
Je suis convaincu que oui. C’est certain que la société d’aujourd’hui reçoit tellement d’informations à la minute qu’il est difficile de sortir du lot et de perdurer dans le temps. Mais il est aussi tellement plus facile, avec les nouvelles technologies, de se faire voir et entendre par le monde ! Alors que dans le passé il était extrêmement difficile pour les artistes de se faire remarquer. La grande difficulté aujourd’hui, c’est que “tout le monde” peut se proclamer artiste. Tout le monde, ou presque, possède un bon appareil photo sur son smartphone, tout le monde peut se procurer un drone, ou encore faire de la musique sur son ordinateur. C’est alors à l’artiste de se différencier des autres, de ressortir du lot. Souvent, quand je photographie un immeuble ou un paysage, je me dis qu’une centaine de personnes ont fait la photo du même immeuble ou de la même montagne et que je dois réfléchir à l’envers pour me différencier.
La question est donc, comment puis-je photographier cet immeuble d’un angle ou d’une manière qui est unique ? Je pense que c’est un nouveau challenge pour les artistes mais ce n’est pas insurmontable.
Merci Maximilien ! Petite question « bonus » : quel est ton signe du zodiaque ?
Poisson.
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