Appuyer sur pause et puis ?

Aujourd’hui, hier et demain. Pendant cinq mois, une parenthèse enchantée. Le congé maternité, mythe du temps disponible ? Certains le décrient : un congé maternité, c’est un boulot à temps plein – voire pire ! D’autres l’idolâtrent : moi et mon bébé, partout, tout le temps. Il est souvent rêvé sous toutes les formes imaginables, pour finalement n’y ressembler en rien. 

La première fois, je l’avais imaginé comme un temps de repos et de partage avec mes proches, pour finalement me voir coupée du monde pour cause de pandémie. La seconde, je n’osais m’y projeter, assaillie par trop de questions :  y aura-t-il encore une fois un confinement ? Comment gérer avec deux enfants ? Comment gérer sans ma propre maman, dont le vide abyssal se fait d’autant plus ressentir avec l’arrivée d’un nouveau bébé ? 

Aujourd’hui, je me rends compte que je ne peux pas en perdre une miette, car même si les circonstances ne sont pas idéales, que je me sens parfois seule ou débordée, c’est probablement la dernière fois qu’une pause de cinq mois me sera accordée. Après un mois ponctué par les micro-siestes et la configuration d’un nouvel équilibre à 4, en éludant les trop longues périodes de scrolling passif sur Instagram, je m’étais juré que je prendrais le temps de faire des choses pour moi. Et pour que ce ne soit pas perdu, d’en partager le compte-rendu quelque part – on ne sait jamais. 

Sur la maternité

Je m’interrogeais énormément sur l’espace qu’allait occuper un deuxième enfant par rapport au premier : quelle place allait-elle prendre dans mon coeur ? L’ainée serait-elle jalouse et cette jalousie serait-elle frontale ou dissimulée ? J’imagine que la réponse est différente pour chacun mais pour moi, c’est un amour dédoublé, comme si mon coeur avait créé de l’espace supplémentaire. J’aime les deux, et parfois je l’avoue, j’ai un petit sursaut s’amour en plus pour l’une ou l’autre. Plus encore, pour l’enfant unique que je suis, être témoin du lien qui se crée instantanément entre soeurs est saisissant : c’est comme si elles avaient toujours été liées. J’adore aussi découvrir les contours d’un nouveau visage qui se précisent de jour en jour, au début si similaires à ceux de celui de l’aînée et qui avec le temps commencent à s’épanouir différemment.

Je prends donc le temps de profiter de chaque minute, en m’ancrant un maximum dans le présent : ne pas penser à ce qui m’attend après. Mais qu’est ce qui m’attend, au juste ? C’est là que l’angoisse me rattrape : le monde tourne actuellement sans moi. Je m’en rends compte en constatant les embouteillages fin de journée, en entendant mon mari travailler, en observant les stories Instagram : les autres sont actifs, ils révèlent leurs talents, construisent leur avenir, quand moi, j’ai simplement appuyé sur pause – et c’est un sentiment étrange lorsqu’on a l’habitude d’être prise dans le tourbillon de la vie active. Je l’avais aussi attendue, cette pause, mais je ressens une pression constante à en tirer le meilleur et à la rendre productive. Je me demande si je suis la seule dans ce cas ? 

Sur le deuil

Je redoutais cette partie là encore plus. Vivre un congé maternité sans sa propre mère doit être une des épreuves les plus difficiles qu’on puisse vivre en tant que jeune maman. Je voulais, aussi, lui faire vivre ces moments de complicité et de douceur, et des images représentant ce qu’on aurait pu – du – vivre ensemble ne cessent de m’assaillir. Il y a des jours avec et des jours sans, des jours plein de mélancolie et d’autres tournés vers l’avenir. Alors on se raccroche à tout ce qu’on peut : regarder des photos et des vidéos, parler d’elle, et s’inspirer de la résilience des autres, passés par là ou non. Accueillir les roses et les épines de la vie, comme disait Jean d’Ormesson. Les gens disent toujours que ceux qui sont partis sont « toujours avec nous » mais je trouve cela très difficile de consoler l’absence en ces termes. Ce sont plutôt mes pensées qui la font vivre, et mes souvenirs, mais j’attends encore cette expérience mystique qui est de réellement sentir une présence, comme certaines personnes l’évoquent pourtant. 

Sur la culture 

Quand je disais que le monde tournait sans moi, je ne pouvais donc que profiter de ce temps off pour m’abreuver de culture. Aujourd’hui, ce sera Lire et Regarder.

Lire

La Force des choses, Simone de Beauvoir 

J’avais découvert de Beauvoir grâce à l’excellente biographie « devenir Beauvoir », retraçant la vie de l’auteur, ses affections amoureuses, amicales et philosophiques tout en restant très accessible. Je me suis ensuite plongée dans ses autobiographies en commençant par Mémoire d’une jeune fille rangée, qui se concentre sur sa jeunessepour ensuite attaquer la suite, La force des choses, que je lis en alternance avec d’autres ouvrages histoire de ne pas faire une overdose. J’aime énormément ces biographies qui foisonnent de détails sur la vie parisienne d’une jeunesse évoluant au milieu du 20ème siècle et de questionnements sur la façon de mener sa vie au mieux lorsqu’on est issu du milieu bourgeois et qu’on veut y donner un sens, avoir un impact plus grand que ce qu’on attend de nous en tant que femme à l’époque. 

Au delà de son combat féministe, pour lequel elle est principalement connue mais qui arrivera sur le tard, Beauvoir a eu de nombreux combats, comme celui pour le prolétariat et contre les effets néfastes du capitalisme – combats qu’elle n’a pas toujours mené de front et qui au début de sa vie, existent surtout au travers de ses conversations – avec Sartre et ses autres amis érudits – et lectures. Beauvoir rejette entièrement son milieu en profitant tout de même des bénéfices qu’elle peut tirer de son appartenance à celui-ci, c’est à dire être éduquée, pouvoir voyager, se rendre à des concerts, expositions ou restaurants. C’est pourquoi j’ai parfois du mal à la comprendre et être d’accord avec ses raisonnements, tout comme pour certaines de ses affinités politiques ou même affectives, mais elle fait face à ses contradictions avec courage et change souvent d’opinion au cours de sa vie, ce qui est finalement le propre de chacun et passionnant à découvrir. L’occasion de se poser des questions sur soi et sur ce qu’on a envie d’apporter au monde à l’ère de l’individualisme. 

Regarder 

American Girl (Luckiest Girl in the World) – Netflix 

Si je trouve difficile de trouver un bon film sur Netflix, j’ai bien aimé celui-ci où Mila Kunnis campe une jeune journaliste à la vie en apparence parfaite mais au passé trouble, qui devra affronter ses démons lorsqu’on lui propose de tourner dans un documentaire mettant en lumière un affreux évènement de son passé de lycéenne. Les sujets abordés sont très actuels et bien traités, notamment celui du consentement qu’on retrouve de plus en plus dans les films et séries Netflix. A voir donc ! 

Sur le consentement et sur Netflix toujours, et pour changer de The Crown, j’avais adoré la série Netflix « Anatomy of Scandal » qui retrace un procès entre un influent politicien, incarné par le brillant Rupert Friend, et sa jeune collègue et maitresse. Avec Sienna Miller dans le rôle de l’épouse, le casting est dingue et l’histoire tient en haleine du début à la fin tout en posant beaucoup de question au spectateur : qui a-t-on envie de croire et pourquoi ? Le pouvoir peut-il protéger de toutes les nuisances de la vie ? 

Ce que je ne regarderai pas :

The Jeffrey Dahmer Story – Netflix 

Tout le monde en parle et je ne me figure toujours pas l’intérêt croissant pour les histoires de meurtriers en série. L’envie de comprendre ce qui les mène à de tels actes ? Et après qu’est ce qu’on en fait ? L’envie de se faire peur ? Personnellement je déteste les films d’horreur et me faire peur en général 😀 Aucune envie donc de me joindre à la troupe d’aficionados de cette série, mais je suis vraiment perplexe par le nombre de contenus sur ce thème produits ces derniers temps, surtout vu l’actualité déjà bien assez sordide. Donc si quelqu’un veut m’expliquer, welcome 🙂

Voilà, c’est tout pour cette fois.

A la prochaine ! 

M. 

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