Et la légèreté ?

La légèreté, on l’a un peu perdue ces derniers temps. Elle ne vous manque pas ? à moi, si. Et je pense qu’à vous aussi, peut-être sans que vous vous en rendiez compte, car on s’est habitué à un climat lourd et compliqué. Les nuages, eux, flottent toujours tranquillement au-dessus de nos têtes, la légèreté doit donc toujours être là, cachée quelque part. Mais ces derniers temps, elle s’est faite très, très discrète.

Je l’aimais tant, la légèreté d’un café entre amis le samedi après-midi. Avant d’aller faire les courses pour acheter la petite bouteille et les « quelques trucs pour l’apéro » qu’on apporterait au dîner planifié le soir même quelques heures avant, « on sera 8, ce sera simple, il y a même peut-être untel qui rejoindra après le repas ». On se fera la bise, on se posera dans les canapés, on piochera à même le paquet de chips et on s’échangera les verres 3 fois sur la soirée, car « c’est lequel, mon verre ? » est une question qui ne génèrera absolument aucune panique parmi l’assemblée. Cette légèreté-là.  

Celle du resto improvisé (oui, encore de la bouffe) car on est crevé de la semaine et pas envie de cuisiner. Le brouhaha ambiant, le serveur désagréable, ou super gentil, ça dépend, le mec qui parle trop fort à la table d’à côté, la découverte de la carte, et des assiettes dressées, les « oh ben merde j’aurais du prendre comme toi, ça a l’air dingue ». Et parfois, pour certains, la soirée qui se prolonge dans un bar, ou en boite, se faire marcher sur les pieds tellement il y a du monde, crier ce qu’on veut boire, recevoir autre chose, se faire dévisager par le mec accoudé juste à côté, et danser, légers. Embrasser un inconnu. Cette légèreté-là.  

La légèreté du week-end en amoureux, ou entre copines, ou en famille, dans un nouvel endroit, endroit pour lequel on aura un coup de cœur, et duquel on fera plein de photos qu’on postera sur les réseaux sociaux. Pour rendre les autres jaloux, un peu. Pour immortaliser le moment, surtout.

Celle du film qu’on était impatients d’aller voir au cinéma, mais pour lequel il y a une file incommensurable, alors on espère qu’on aura encore une place, et oui il y en a, on sera juste un peu trop près de l’écran donc il faudra lever le menton mais ce sera bien quand même, « c’était pas mal hein », on se dira à la sortie, chuchotant encore dans l’escalier qui longe les rangées de sièges alors que le film est fini, les doigts collants de pop-corn (on ne se refait pas).

 Celle de l’expo « dont tout le monde parle », qu’on va voir parce que tout le monde en parle, mais dont on ne connait absolument par l’artiste exposant, à part que ça, on ne le dit pas. « Oui, j’adore ! Je me demande si ses œuvres majeures seront présentées » on dit plutôt, après avoir tapé son nom sur Google et regardé les 3 premières photos dans la section « images » de la recherche. Mais bref, on y va, et on se sentira si bien et si intelligent, après. On se dira qu’ « on devrait faire une expo par mois, au minimum ».

Mais aussi la légèreté de l’humour, sur les réseaux sociaux, dans la presse, celle d’un dessin un peu trash, mais un peu marrant quand même. Pouvoir en rire sans que tout le monde crie au scandale et à l’outrage. Celle de la vie privée où on ne se fait pas dénoncer par les voisins pour avoir invité 4 personnes. Celle de la confiance. Celle des réseaux-sociaux, pas des réseaux-tribunaux. Cette légèreté-là, aussi.

Alors on attend, on espère, on se souvient. On insuffle de la légèreté où on peut, comme on peut. Mais surtout, n’oublions pas d’être légers. Ne jugeons pas sans savoir (vraiment savoir). Ne dénonçons pas sans connaître les faits, les vrais. Soyons curieux. Regardons le ciel. Guettons le retour de la lumière.

1 réflexion sur « Et la légèreté ? »

  1. La légèreté des samedis après-midis, flânant dans les rues de Bruxelles, découvrant des petites boutiques et finissant au parc avec des amis retrouvés en dernière minute…

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