Que serait une nouvelle année sans bonnes résolutions ? L’envie d’écrire se faisant toujours plus ressentir, mais le manque de discipline et de temps étant mes plus cruels ennemis, je ne suis parvenue, en 2020, que très difficilement à m’y mettre. J’ai par contre démarré 2021 avec plusieurs lectures en cours et ai décidé de faire le résumé de mes découvertes ici-même. Dans l’idée de partager, d’échanger et de se conseiller, n’hésitez donc pas à interagir en commentaire !
Pour commence : L’Anomalie, le nouveau roman de Hervé Le Tellier, ouvrage pour lequel il a reçu le Prix Goncourt 2020.
L’Anomalie
Hervé Le Tellier – Prix Goncourt 2020
Anomalie : écart par rapport à la normale ou à la valeur théorique, exception à la règle.
Qu’est-ce que « la normale » ? Dans ce roman aux genres multiples, Hervé Le Tellier balaye nos certitudes en nous projetant dans un tourbillon futuriste à la frontière du fantastique. Sa batterie de personnages bien différents dans leur genre et à priori sans aucun lien les uns avec les autres ; de l’écrivain à la mère célibataire, en passant par le tueur à gage, sont tous montés dans le même vol Paris-New York en mars 2021. En résulte une situation extraordinaire qui posera des questions scientifiques, éthiques et morales sans précédents à chacun des protagonistes, mais aussi au lecteur.
Si l’anomalie commence comme une histoire assez classique, elle nous étonne de page en page, ce qui rend sa lecture particulièrement addictive. On s’étonne avec délectation des évènements rocambolesques qui nous entrainent dans un roman dense et divertissant. Le style, par contre, est discutable : facile d’accès, peut-être trop, les clichés et références à la culture populaire et à l’actualité ont bon train. Amusantes par moment, celles-ci font toutefois la part belle aux clichés et manquent souvent de finesse. Du côté des personnages, certes, ils sont nombreux, socialement et ethniquement diversifiés, et le passage saccadé de l’un à l’autre nous fait tourner les pages à une vitesse folle pour retrouver le fil de l’histoire de chacun. Mais on a aussi parfois l’impression de regarder un mauvais film où les protagonistes ne seraient que des marionnettes servant la cause de l’histoire, pour la plupart incapables de profondeur ni de nuance dans leurs dialogues et leur comportement, et ce, en particulier lors de la deuxième partie du roman, lors des fameuses « rencontres ».
Membre de L’Oulipo (pour « Ouvroir de littérature potentielle »), Le Tellier a écrit son livre en hommage à ce mouvement littéraire qui explore les contraintes de narrations et les jeux de langages. Pour apprécier L’Anomalie comme il se doit, je dirais qu’il faut le considérer comme un roman d’une espèce rare et incongrue, et se laisser surprendre par son originalité.
Pourquoi j’ai aimé : Ce roman m’a étonnée, divertie et fait sourire tout au long de sa lecture. Un véritable « page turner » (effet désiré par l’auteur, et réussi surtout dans la première partie) que j’ai eu du mal à poser, et une bouffée d’air frais dans mes lectures habituelles.
Pourquoi je n’ai pas aimé : J’ai trouvé que l’ensemble manquait de poésie, de belles tournures et de profondeur. Moi qui suis accro aux personnages bien construits et attachants, j’ai été déçue à ce niveau-là. Je ne regrette pas ma lecture pour autant, mais suis étonnée de son encensement par la critique.
Extrait : Mais l’appareil tombe dans un trou d’air, et soudain, quelque chose se brise en Victor, il ferme les yeux et se laisse ballotter en tous sens, sans tenter de retenir son corps. Il est devenu une de ces souris de laboratoire qui, soumises à un violent stress, cessent de lutter et se résignent à mourir.
Tout à fait d’accord avec cette critique. J’ai dévoré les premières pages au point de m’arrêter pour faire durer le plaisir… et puis, tout ce qui semblait si bien amené se dégonfle… les personnages ne sont pas aboutis, trop clichés… mais je suis contente de l’avoir lu, et ne comprend pas non plus ce qui justifie un tel engouement.
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Oui exact, j ai eu la même expérience ! 😊
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